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Comment financer la transition vers l’économie de la fonctionnalité ?
De plus en plus d’acteurs du développement durable ont bien en tête ce qui se cache derrière le terme « économie de fonctionnalité ». Ils connaissent les nuances et les précisions à apporter à cette définition rapide : le fait pour une entreprise de ne plus vendre un produit, mais l’accès à un service / un usage supporté par ce produit. Avec, à la clé, de nombreux avantages économiques et environnementaux. Plus d’informations sur le site d’INSPIRE.
INSPIRE a été mandaté par le Conseil régional PACA pour construire une méthodologie d’accompagnement de la transition vers l’économie de fonctionnalité, à destination des PME. Ce travaila abouti à la construction d’un guide et d’un outil pour accompagner les PME dans ce travail. Nous voilà donc outillés pour avancer sur cette voie prometteuse.
Reste que, parmi les freins identifiés pour le passage vers l’économie de fonctionnalité, il en est un qui pourrait s’avérer difficilement surmontable pour bon nombre de PME : le financement. Les besoins, en effet, peuvent vite devenir considérables: l’ordre de grandeur du financement nécessaire est plus celui du CA que celui des fonds propres !
Les banques pourront-elles suivre ? Gardons-nous de réponses hâtives, ce sont surtout les mauvais projets qui ne trouvent pas de financement. Pour autant, les difficultés d’accès aux financements bancaires par les PME sont suffisamment relayées pour qu’on puisse légitimement se poser la question. Essayons-nous à une analyse plus poussée.
Si le business plan est bon, les financements suivront
Un premier élément semble favorable : il s’agit bien de financer des actifs matériels – toujours plus faciles à financer que des actifs immatériels, puisque le financeur peut prendre une garantie sur le bien financé. Toute la question est de savoir dans quelle mesure cet actif est « liquide », c’est-à-dire si, en cas de défaillance, la banque peut facilement le récupérer et le revendre. Cela sera à évaluer au cas par cas ; admettons pour l’instant que ce sera plus facile pour des équipements banalisés, dont le marché en volume est important, et pour lesquels les coûts de transaction (démontage, transport, réinstallation) sont réduits.
Le second élément favorable consiste à considérer que, du fait du passage à l’économie de fonctionnalité, l’entreprise verra son activité lissée, moins dépendante des aléas conjoncturels – c’est ce qui ressort des études et analyses conduites sur les bienfaits économiques de l’économie de fonctionnalité, qui ne sont pas le propos de ces quelques lignes.
Autre élément important, du point de vue de l’ingénierie financière : il ne s’agit pas de financer, à un moment précis, un équipement ou un investissement, mais bien d’accompagner, sur plusieurs années, une augmentation du BFR (Besoin en Fond de Roulement). Plus qu’un crédit classique, c’est d’un accord-cadre de financement dont les entreprises s’engageant dans l’économie de fonctionnalité ont besoin – et donc d’une ingénierie financière dédiée, qui repose notamment sur des hypothèses de montée en puissance de leur offre en fonctionnalité. Cette ingénierie financière doit d’autant plus être imaginée sur-mesure que, dans un nombre non négligeable de cas, les solutions commercialisées (notamment parce qu’elles auront intérêt, et tendance, à être éco-conçues) peuvent être éligibles à des subventions qu’il convient d’intégrer à l’ingénierie financière.
Mais même malgré cela, le taux d’endettement de l’entreprise (l’indicateur dettes sur fonds propres par exemple), si l’on reprend l’exemple décrit plus haut, est très élevé par rapport aux standards de «bonne gestion financière ». De fait, l’économie de fonctionnalité parait incompatible avec ce ratio classique de l’analyse financière. Du moins faudrait-il qu’il soit analysé différemment pour les entreprises de l’économie de fonctionnalité.
Le modèle parait nouveau – et les esprits chagrins ne manqueront pas de souligner que certaines banques, habituées à analyser le passé pour mesurer de manière aussi automatisée que possible leur risque de contrepartie, ont du mal à évaluer la nouveauté, l’innovation. Pourtant, comment ne pas songer aux modèles économiques de location ou de leasing ?
Il conviendrait de conduire une analyse approfondie du (des) marché(s) du leasing pour tirer des enseignements pour le financement de l’économie de fonctionnalité. Ainsi avant même de l’avoir conduite, une chose parait marquante : les acteurs de ce marché sont majoritairement des grands groupes, avec des niveaux de capitaux propres importants (quand ce ne sont pas des émanations d’établissements bancaires).
D’ailleurs, examinons bien le financement dont on parle : d’un point de vue macroéconomique, il ne vient pas s’ajouter à un besoin de financement global de l’économie, mais se substituer au besoin du client final – qui, pour acheter l’équipement de l’entreprise, aurait sans doute demandé un financement à sa banque. On est donc face à un transfert du financement depuis le client final vers le producteur. Avec un impact non négligeable sur le niveau de risque : cela revient à financer un portefeuille diversifié de clients finaux via leur fournisseur : le risque est mutualisé.
Restons donc optimistes : l’économie de fonctionnalité, au niveau macroéconomique, devrait être accueillie favorablement par les partenaires financiers, pour peu qu’on y travaille un peu. A suivre donc !